Projet
de révision du SDAGE Adour-Garonne,
consultation des partenaires
Avis de lUFC-Que Choisir de la Charente
Mesures générales
Face à un nouveau projet de SDAGE notre première
réaction est de nous demander quels sont les résultats
du SDAGE 2010-2015 en cours, de manière à distinguer
les mesures qui permettent de « gagner »
en bon état des eaux, de celles qui napportent rien
et coûtent, voire même seraient plutôt négative
sur le long terme en freinant des changements nécessaires.
Lagence de leau Adour-Garonne reconnaît elle-même
que le bon état des eaux nest actuellement que trop
faiblement atteint, en particulier peu de masses deau sont
en bon état sur le bassin de la Charente très loin
de lobjectif pour le SDAGE en cours !
Le plan Ecophyto 2008-2018 de réduction de 50% dutilisation
des pesticides est lui aussi un échec (augmentation de
5% à mi-parcours !) et nous sommes sous le coup de
pénalités européennes pour la pollution
par les nitrates. Pour mémoire, le bon état
des eaux demandé par la directive européenne de
2000 aurait dû être atteint cette année, en
2015.
Objectifs du SDAGE
LUFC-Que Choisir privilégie :
- Le respect de la ressource en eau, sous l'égide du Code
de la santé publique et du Code de lenvironnement.
- Des élevages qui ne sont pas hors-sol et dont la taille
et la technique respecte la qualité des productions, les
conditions de travail et de rémunération décentes
des agriculteurs.
Orientation A Gouvernance
Des décisions prises sous influence : les choix néfastes
à latteinte du bon état des eaux peuvent
sexpliquer par la composition des instances décisionnaires
au sein des Comités de bassin.
Les coûts pharamineux des pollutions agricoles et industrielles
ne doivent plus être financés par les seuls consommateurs,
mais par les professions agricoles et les industriels, en application
du principe « pollueur-payeur ». La contribution
des agriculteurs et des industriels au financement est dérisoire
face à la pollution quils engendrent. Les coûts
de traitement des pollutions agricoles en pesticides ou en nitrates,
sont toujours financés à 83 % par les consommateurs
et seulement à 11 % par les agriculteurs.
Des conflits dintérêts pouvant se poser avec
des structures siégeant aux conseils dadministration
et bénéficiaires daides, nous demandons toute
transparence dans la connaissance des bénéficiaires
des aides.
Seulement 10 % du budget de lagence va au préventif
contre plus de 40 % au curatif beaucoup plus onéreux !
Nous demandons une tendance significative vers plus de préventif.
Orientation B Pollutions
Dans le département de la Charente, Nitrates Phosphates
et pesticides restent toujours trop présents et létat
chimique des rivières et des nappes phréatiques
est en mauvais état dans de nombreux points. Lusage
abusif des pesticides par lagriculture, que lon retrouve
dans le milieu (eau, sol, air, produits alimentaires) sont nocifs
à lenvironnement et à la santé humaine.
Le respect du principe pollueur-payeur est censé corrigé
cette problématique, mais il est encore loin dêtre
respecté (cest aussi lavis de la Cour des
comptes dans son rapport publié le 11 février dernier)
quand on sait par exemple que les activités agricoles
peuvent engendrer jusquà 90% de la pollution par
les pesticides et en moyenne 66% pour les nitrates, ce principe
a toute sa place dans un document de planification censé
appliquer la Directive-Cadre européenne sur leau.
Dans le volet du Sdage relatif aux pollutions par les pesticides,
seulement les particuliers et les collectivités sont désignés.
Nous demandons que ce volet intègre aussi les pesticides
utilisées en agriculture.
Bien que le Grenelle de lEnvironnement exige une protection
des sources deau potable contre les pollutions par le biais
dun changement des pratiques agricoles, les budgets prévus
par lAgence pour 2013-2018 restent encore majoritairement
affectés à la coûteuse dépollution
de leau.
Il est plutôt nécessaire dengager un changement
des modes de production agricole.
Principe de prévention
Nous demandons que le Schéma Directeur d'Aménagement
et de Gestion des Eaux (SDAGE) pour le bassin ADOUR GARONNE,
donne enfin la priorité à la réduction à
la source des pollutions agricoles et industrielles, de préférence
à la coûteuse dépollution des eaux.
Orientation C Gestion quantitative
Le projet de révision du SDAGE nest pas assez ambitieux,
il risque fort de ne pas donner les résultats attendus.
Il présente même un recul : laccélération
portée sur la création donéreux stockages
deau remplis en hiver pour une irrigation en été,
payés par les consommateurs (jusquà 70% daide !).
Cela constitue une incitation à pérenniser les
cultures irriguées, et à freiner le changement
incontournable des pratiques agricoles intensives et inadaptées
actuelles.
La création de ces stockages deau consomment la
quasi-totalité des crédits alloués au préventif
(70 % du coût) pour les seuls agriculteurs, les moins contributeurs,
qui recouvre en fait les coûteux bassins de rétention,
payés principalement par les consommateurs, alors même
quils sont destinés à des cultures souvent
inadaptées à notre région régulièrement
frappée par lassèchement de cours deau.
Nous demandons que les aides à lagriculture soient
conditionnées à des pratiques adaptées à
la ressource en eau.
Orientation D Milieux aquatiques
La fonctionnalité des milieux repose dabord sur
un débit normal des rivières, et sur des niveaux
de nappes satisfaisants. Or plusieurs rivières sont chaque
année asséchées, ce point est en relation
directe avec la gestion quantitative qui ne permet pas un meilleur
équilibre entre la ressource et les prélèvements.
Nous demandons donc une gestion de leau adaptée
à la ressource cest-à-dire qui fixe des indicateurs
scientifiquement, cest-à-dire indépendants
de toute pression dordre économique.
Conformément au Code de lenvironnement les priorités
doivent être données à la biodiversité
naturelle et à la protection des milieux aquatiques, il
y va de lintérêt général.
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